Patience vers l'effondrement

Les années passent... Me revoilà devant ce clavier à ressasser mes noires ambitions. Aurais-je perdu la foi ? Les Anciens sont si puissamment au-delà de notre existence qu'ils peuvent bien se moquer, ou nous ignorer. Le temps passe et ils patientent, loin de toute frénésie terrestre...

Pourtant, après une pandémie mondiale étonnement évitée, l'humanité bascule progressivement dans un chaos à venir, et cela me réjouit. Guerres, conflits, obscurantisme, violence, intolérance, voilà qui poussera les individus à réduire d'eux-mêmes leur nombre et leur influence sur ce monde...

Je n'ai jamais écrit les raisons qui me poussent à agir en ce sens, à espérer une triste fin de ma propre espèce... J'ai vécu plus longtemps qu'aucun autre humain, au-delà même de ceux qui me précédèrent dans les temps légendaires... Jeune homme, j'ai exploré les interdits qui m'ont menés à une vie longue et tortueuse. Jusqu'à aujourd'hui, mais je sens mes forces diminuer. La puissante magie noire des Anciens s'estompe... Je ne leur suis plus utile, m'abandonneront-il ?

Il y a longtemps, j'ai fait le serment d'ouvrir la porte vers les mondes multiples et de ramener à moi la Chèvre Noire aux Mille Chevreaux, Shub-Niggurath qu'on craint dans les sombres forêts... Pourquoi lui ? Parce qu'il est la force primordiale du monde, la nature sauvage et incontrôlable, parce qu'il hante les bois, et dévore les villes...

L'humanité a fait tant de mal à ce monde, et j'y ai contribué, que celui-ci doit revenir à son état primal. La Pangée comme paradis, peuplées des créatures des Anciens. C'est à ce monde brutal, brut mais originel que j'aspire. Nous sommes un virus qui a grandi, j'en suis une cellule. J'ai essayé d'être autre chose, un plus qu'humain, mais je me suis peut-être fourvoyé... Quand j'ai commencé ce journal numérique, je pensais toucher au but, mais c'était un leurre.

Que faire aujourd'hui ? J'ai besoin de prendre du recul et de savoir ce que la Chèvre Noir attend de moi. J'ai besoin de lui sacrifier des âmes. Si la haine prospère dans les cœurs humains, peut-être que mes prières auront été entendues. Si une nouvelle épidémie mortelle se répand, peut-être que j'ai réussi. Mais il n'y aura aucun merci...

Pour l'heure, trouvons une victime et offrons son cœur palpitant aux Grands Anciens. Il est temps.