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26/11/2008

Le plateau de Leng

Il y a quelques jours, un jeune graphiste employé par l'une de mes sociétés pour un travail publicitaire m'a soumis un produit original qui a éveillé en moi de lointains souvenirs...
Ce garçon devait réaliser une affiche publicitaire pour une discothèque dont je suis le propriétaire. Sa première proposition était très particulière, empruntant autant à l'esthétique gothique - dans le sens médiéval du terme - qu'à l'iconographie fantastique du délirant Giger. Formes noires et grises, éléments futuristes s'enchevêtraient dans un rythme infernal. Quand la musique prend corps et devient image...
 
Cette illustration, audacieuse mais peu vendeuse, a été rejeté mais je l'ai conservé pour ma propre satisfaction. Comme je l'ai dit, cette création a eveillé des souvenirs que je croyais enfouis depuis une éternité. Ils correspondent à l'une des périodes les plus sombres de mon existence alors que, ayant dépassé le simple stade de l'humain, j'étais aux portes de la folie, prêt à sombrer dans la démence la plus absolue...
 
En ces temps, j'étais un grand voyageur. La science était encore souvent rattachée à la magie et aux mythes, et les connaissances étaient fragmentaires. Ayant fui l'Europe, où j'avais traversé des épreuves bien mouvementées, j'étais parti vers le grand est, vers l'Asie centrale mystérieuse où s'étalaient de vastes plaines froides et inexplorées. C'était le début du printemps. Les plantes bourgeonnaient, les animaux quittaient leur tanières, la vie reprenait ses droits sur l'hiver, décidé à le narguer pendant trois saisons. Accompagné d'un guide, je m'enfonçais au coeur de ces terres qui n'avaient pas encore de nom. Durant une tempête, mon guide me faussa compagnie, emmenant mes effets les plus précieux. Il avait sûrement prévu son coup depuis des jours et j'aurais dû me méfier de son regard de voleur mais c'était trop tard. Je ne partis pas à sa suite mais j'envoyais sur ses traces quelques créatures de la nuit et des sphères invisibles que je savais appeler.
 
Perdu dans la lande, je décidais de demander mon chemin aux héraults du Bouc Noir. Ceux-ci m'indiquèrent alors que les énergies ténébreuses fusionnaient en un point peu éloigné, un endroit redouté pour les rares autochtones et que l'on appelait Leng. J'avais déjà lu quelques histoires à propos de l'intriguant "plateau de Leng", cet espace qui se meut à travers les dimensions, et qu'on ne peut localiser avec certitude. Encore une foi, ma quête de connaissance guidait ma route sur les chemins du savoir interdit...
 
Je repris ma route, décidé à rejoindre Leng. Le soir de mon arrivée, je sentis toute la noirceur des Anciens murmurer, rôder dans l'air, dans les plantes corrompues. Le plateau de Leng n'avait rien d'un endroit accueillant : aride, composé de touffes de mousse et d'un dallage naturel de grande pierres blanches, il était aussi désert que les steppes du nord. Mais dans mon esprit, je sentis que ce n'était qu'apparence et que des entités terrifiantes veillaient sur cet endroit. Je fis les signes qui me protégeaient et m'arrêtais pour la nuit en bordure de ce lieu étrange.
 
Le même soir, les esprit invisibles me ramenèrent mes affaires, et la preuve que le guide n'importunerait plus personne... En remerciement de ce service, je priais pour le Bouc Noir et ses mille chevreaux. Puis je me couchais, fatigué, avec l'espoir que mon sommeil soit paisible...
 
J'étais jeune et insouciant, malgré mes aventures passées, et j'aurais pu me douter de la folie qui suivrait... Sitôt plongé dans le sommeil, je me retrouvais - en rêve ou en réalité ? - dans un endroit hideux, où l'organique et le minéral fusionnaient en d'atroces formes palpitantes et vivantes. Des choses que 'lesprit humain ne peut conçevoir. Je compris que je voyais là le vrai visage du plateau de Leng, qui n'est pas un lieu mais une... "entité", une étrange conscience répugnante qui s'infiltre dans le monde visible. Encerclé par ces masses grouillantes, par des milliers de cris surgis du vide, par des vents contraires et des horreurs viscérales, je hurlais. J'invoquais avec effroi le Bouc Noir, mon protecteur des bois, l'implorant de me libérer els maléfices du plateau, mais il ne réagit pas. Ici, j'étais seul face à l'horreur.
 
J'étais progressivement absorbé par Leng, qui "m'assimilait" à sa structure, aspirant mon corps et mon âme. Dans un soubresaut de survie, je dégainais ma lame et m'entaillais profondément l'avant-bras ! La douleur, subite et intense, me réveilla !
 
Et je me retoruvais dans ma petite tente, assis, en sueur, le bras en sang. Un rêve ou la réalité ? Leng existait et je savais que ce que j'en avais vu n'était que la vérité. Décidé à ne pas m'éterniser ici pour ne pas laisser le plaisir aux Anciens de "jouer" avec moi, je pliais bagage et m'enfui dans la nuit, en aveugle, veillant seulement à m'éloigner du plateau le plus possible. Je savais que j'y reviendrai un jour, mais quand j'aurai acquis assez de puissance et de connaissance pour l'affronter sans risque...
 
Les jours qui suivirent, je sombrais dans la folie, l'esprit torturé par mes visions. Je fut recueilli par un couple, très à l'est. Puis, je repris ma route quelques mois plus tard, sans jamais oublier cette nuit terrible où je faillis céder à la démence... Mais ceci est une autre histoire.
 
Ce qui me rappela cet événement lointain de ma vie fut cette étrange illustration. Car l'arrière-plan de l'image du jeune graphiste représente exactement ce qui je vis en rêve aux abords du plateau de Leng !
 
Il va falloir que me renseigne sur ce jeune homme...

13:15 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leng, folie, asie

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